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« Prospective et citoyennetés » - « s’inscrire dans son territoire, le dire et proposer des aménagement » comme modalité d’éducation à la citoyenneté »
Retour d'étudiant
Alors que je souhaitais devenir enseignante-chercheure, ce stage a été l'occasion, pour moi, de vivre une première expérience professionnelle au sein d'un laboratoire de recherche tourné vers enjeux éducatifs. En élaborant des scénarios pédagogiques, j’ai rencontré et échangé avec des individus du monde de l'éducation, de la recherche mais aussi avec des professionnels du monde de l'urbain.Ce stage a donc été l'occasion d'apprendre à travailler en équipe ; d'expérimenter la recherche collaborative ; d'acquérir des compétences en matière de management de projet (réunions, communication, préparation de journée de rencontres) et de restitutions (tant orales, qu'écrites). J’ai également mis en pratique mes savoirs théoriques (méthodologie de la recherche, fondements disciplinaires de la géographie) ainsi que mes acquis bibliographiques sur les "Territoires Apprenants" au service d'une réflexion commune et transversale.
En plus de me constituer un réseau, cette observation participante / cette expérience de recherche in-situ a favorisé ma compréhension de ces différents mondes (tant dans le discours que dans les pratiques) alors que j'aimerais plus tard, comme enseignante chercheure, les côtoyer et les étudier davantage.
Pour résumer, les financements de l’EUL m’ont donné la possibilité de participer à ce projet, dans lequel mes responsabilités étaient importantes mais très stimulantes et enrichissantes pour mon projet de recherche (mémoire) mais aussi professionnel, en me formant par et pour la recherche.
Mailys Genouel
Restitution
L'Atelier de formation "Observer, écouter, imaginer et faire la ville" a été conçu et monté, en partenariat avec l'IFE ENS Lyon.
Les acteurs territoriaux des collectivités multiplient les dispositifs pour prendre en compte les connaissances des habitants. L’atelier propose une formation permettant de réfléchir aux moyens de favoriser une dynamique territoriale autour de la conception de projets communs impliquant les acteurs des établissements scolaires. Dans cette optique, il est proposé de mobiliser la démarche prospective dans et hors établissement.
Il s’agit donc d’évoquer : comment les acteurs des établissements scolaires participent à la dynamique du territoire ; comment ils peuvent/doivent être impliqués dans les projetsd’aménagement urbain et de prospective territoriale ; comment accompagner une démarche incluant les établissements scolaires (autrement dit, de quelle manière travailler avec des apprenants - enfants, adolescents, étudiants) ; comment travailler avec les établissements et penser l’articulation temps scolaire-hors temps scolaire.
Cette formation souhaite impulser des pistes pour considérer des espaces/lieux de travail collaboratifs qui mettent les institutions et acteurs territoriaux en lien avec les établissements scolaires et leurs acteurs. Il s’agit de multiplier les espaces de dialogue et de controverse afin de construire des compréhensions plurielles du territoire permettant d’envisager des projets communs. Cette démarche vise à favoriser le développement du maillage territorial en écho à la notion de territoire apprenant.
Cela suppose de : proposer un regard réflexif sur les différents opérateurs urbains et sur la manière dont ces derniers peuvent être considérés comme des acteurs et auteurs contribuant à la fabrique de la ville ; d’expliciter les liens existants entre les opérateurs urbains et ceux pouvant être développés, en particulier avec les établissements scolaires ; de réfléchir aux « espaces d’apprentissages » comme autant de lieux producteurs de savoirs et de compétences, ainsi que les processus de médiation qu’ils peuvent susciter.
Résumé du mémoire
Dans cette société de plus en plus complexe et interreliée, l’engagement politique se repense au travers d’actions plus individuées, nous encourageant alors à questionner notre rapport à soi et à l’altérité pour agir personnellement vers un horizon commun. C’est également dans ce cadre que le bouleversement écologique actuel vient réinterroger notre emprise et notre attache à ce que les modernes ont dénommé la nature, par opposition à la culture.
(Re)venir au territoire, dans de nombreux domaines comme dans l’éducation, est une manière de remettre au centre de nos considérations la condition d’habitant, figure qui vient justement travailler nos deux questionnements précédents en proposant de reconsidérer les savoirs issus d’un engagement territorial. J’ai donc questionné dans ce mémoire la notion de territoire à l’aune des pratiques d’apprentissage : le territoire peut-il être envisagé comme un lieu de construction de savoirs situés partagés entre différentes altérités habitantes ?
Ce lien entre apprentissage et territoire est apparu avec une certaine prégnance ces dernières années, notamment à travers la construction intellectuelle de « Territoires Apprenants », que ce soit dans le domaine de l’éducation, comme des collectivités territoriales ou encore auprès de grandes entreprises du secteur privé. Le sens de cette notion varie donc en fonction des projets politiques des acteurs qui l’invoquent. Or dans le cadre de ce travail, j’ai adopté la définition utilisée par les acteurs du projet “Prospective et Citoyennetés”, coordonné par l’Institut Français de l’Education. Ils s’y réfèrent pour décrire un processus de reconnaissance par les enfants de l’ensemble des savoirs situés des habitants du territoire qu’ils ont enquêtés, y compris de leurs savoirs, acquis par l’expérience objective et subjective de ce territoire habité. Ainsi, approchant la complexité du territoire, les élèves peuvent s’imaginer s’inscrire dans la fabrique de celui-ci. Ils se reconnaissent comme des sujets politiques légitimes à participer à la transformation de cet espace. Autrement dit, cette manière de saisir les « Territoires Apprenants » permet d’insister sur l’idée d’enrichissements réciproques en sollicitant des acteurs « sachants », car expérimentés et concernés, dont font partie les élèves, pour une meilleure connaissance du territoire. Elle permet surtout d’envisager le territoire comme un environnement d’apprentissages mutuels « qui incitent chacun à s’inscrire de façon proactive comme acteur à part entière des changements qui s’imposent » (Sauvé, 2015, p.377) notamment en vue de le respecter, autrement dit de se respecter soi, l’altérité et l’environnement qui font justement territoire. Ainsi le territoire acquiert également une dimension politique.
C’est donc en envisageant ainsi le lien entre territoire et apprentissage que j’ai questionné deux terrains, intégrés au projet « Prospective et Citoyennetés ». Y étant impliquée comme stagiaire, mon travail de recherche a été pensé à travers une méthodologie d’observation participante. Ainsi les résultats de ce mémoire se basent sur plus de quarante-cinq heures de retranscriptions d’ateliers en classe de seconde (dans le lycée de la Martinière Duchère à Lyon) et de CM1 (à l’école Léo Lagrange à Vénissieux), de réunions de coordination, de formations, de conférences, mais aussi l’analyse des productions des élèves, et enfin mes prises de notes abondantes de février à juin 2019.
C’est dans ce cadre théorique et pratique que j’ai tenté de comprendre comment l’engagement dans le territoire engendre des situations d’apprentissages, qui sont elles-mêmes influencées par le territoire. Comment ces savoirs situés mis à jour sont-ils énoncés par les élèves et reconnus par les habitants ? Et enfin, dans quelle mesure ces savoirs permettent-ils aux élèves de s’envisager comme des habitants engagés dans la construction de ce territoire ?
Dans ce travail, à partir de mes observations, en détaillant l’ensemble des enjeux situés et solutions concrètes qui ont été énoncés par les élèves, j’ai mis en évidence les nombreux dispositifs mis en place par les enseignants pour encourager les élèves à s’appuyer sur leurs savoirs situés pour ensuite les mettre en lien avec des propositions prospectivistes, c’est-à-dire à s’envisager comme des acteurs légitimes au cœur du processus de décisions concernant la cofabrication de leur habiter. Le territoire a également travaillé les enseignants, qui ont appris de leur expérience territoriale, c’est-à-dire de la confrontation physique avec ce dernier lors de balades d’exploration et de la confrontation d’expériences avec d’autres savoirs habitants, et notamment ceux des élèves. Le territoire est bien devenu apprenant. Pour autant, ce territoire investi par des habitants reste un espace dans lequel se joue et s’exerce des relations de pouvoir qui se fondent en partie sur les savoirs de ce territoire. Ainsi l’expression et l’écoute des différents savoirs habitants dont ceux des élèves ne sont pas allées de soi. En effet, les élèves n’ont pas pu reconnaître systématiquement leurs savoirs à la hauteur de ceux des autres habitants dans la mesure où les enjeux territoriaux qu’ils ont énoncés, jugés comme dévalorisants et excluants, ont été invisibilisés par d’autres imaginaires reconnus comme socialement plus modernes et mélioratifs, ou encore plus scientifiques. De plus, le projet politique énoncé par le cadre institutionnel qui accompagne les apprentissages scolaires n’a pastoujours permis l’énonciation et donc le débat entre savoirs habitants, tirés d’expériences singulières. Ainsi les élèves n’ont pas toujours envisagé comme des sujets politiques engagés, capables de repenser notre société à partir de leurs savoirs et de leurs actions du quotidien dans, par et pour leur environnement de proximité.
C’est donc en envisageant ainsi le lien entre territoire et apprentissage que j’ai questionné deux terrains, intégrés au projet « Prospective et Citoyennetés ». Y étant impliquée comme stagiaire, mon travail de recherche a été pensé à travers une méthodologie d’observation participante. Ainsi les résultats de ce mémoire se basent sur plus de quarante-cinq heures de retranscriptions d’ateliers en classe de seconde (dans le lycée de la Martinière Duchère à Lyon) et de CM1 (à l’école Léo Lagrange à Vénissieux), de réunions de coordination, de formations, de conférences, mais aussi l’analyse des productions des élèves, et enfin mes prises de notes abondantes de février à juin 2019.
C’est dans ce cadre théorique et pratique que j’ai tenté de comprendre comment l’engagement dans le territoire engendre des situations d’apprentissages, qui sont elles-mêmes influencées par le territoire. Comment ces savoirs situés mis à jour sont-ils énoncés par les élèves et reconnus par les habitants ? Et enfin, dans quelle mesure ces savoirs permettent-ils aux élèves de s’envisager comme des habitants engagés dans la construction de ce territoire ?
Dans ce travail, à partir de mes observations, en détaillant l’ensemble des enjeux situés et solutions concrètes qui ont été énoncés par les élèves, j’ai mis en évidence les nombreux dispositifs mis en place par les enseignants pour encourager les élèves à s’appuyer sur leurs savoirs situés pour ensuite les mettre en lien avec des propositions prospectivistes, c’est-à-dire à s’envisager comme des acteurs légitimes au cœur du processus de décisions concernant la cofabrication de leur habiter. Le territoire a également travaillé les enseignants, qui ont appris de leur expérience territoriale, c’est-à-dire de la confrontation physique avec ce dernier lors de balades d’exploration et de la confrontation d’expériences avec d’autres savoirs habitants, et notamment ceux des élèves. Le territoire est bien devenu apprenant. Pour autant, ce territoire investi par des habitants reste un espace dans lequel se joue et s’exerce des relations de pouvoir qui se fondent en partie sur les savoirs de ce territoire. Ainsi l’expression et l’écoute des différents savoirs habitants dont ceux des élèves ne sont pas allées de soi. En effet, les élèves n’ont pas pu reconnaître systématiquement leurs savoirs à la hauteur de ceux des autres habitants dans la mesure où les enjeux territoriaux qu’ils ont énoncés, jugés comme dévalorisants et excluants, ont été invisibilisés par d’autres imaginaires reconnus comme socialement plus modernes et mélioratifs, ou encore plus scientifiques. De plus, le projet politique énoncé par le cadre institutionnel qui accompagne les apprentissages scolaires n’a pastoujours permis l’énonciation et donc le débat entre savoirs habitants, tirés d’expériences singulières. Ainsi les élèves n’ont pas toujours envisagé comme des sujets politiques engagés, capables de repenser notre société à partir de leurs savoirs et de leurs actions du quotidien dans, par et pour leur environnement de proximité.