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Le bruit aérien à Genève Étude d’un objet de controverse et de mobilisation transfrontalière auprès des associations de riverains de l’aéroport

Retour d'étudiant

Dans le cadre des financements qu’elle propose aux étudiants de Master, l’École Urbaine de Lyon m’a donné l’opportunité de mener à bien un travail de recherche portant sur les enjeux du bruit aérien à Genève. Cette étude cherchait à rendre compte du vécu de la gêne des militants suisses et français de plusieurs associations luttant contre les nuisances du trafic aérien à Genève. Il s’agissait également de rendre compte des actions mises en œuvre par ces derniers pour s’opposer au modèle de développement actuel de l’activité aéroportuaire genevoise jugée “non souhaitable”. La codirection de ce travail par Michel Lussault, représentant de l’École Urbaine de Lyon et par Florian Charvolin du Centre Max Weber a permis un croisement des regards complémentaire sur le sujet.

 

 

Gauthier Cussey

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Restituion


Extraits des enquêtes menées

Résumé de mémoire
Dans ce travail d’enquête, nous avons tenté de recueillir et de rendre compte, le plus fidèlement possible, le vécu de riverains-militants, aux prises avec le bruit aérien à Genève. Notre propos s’organise ainsi :
Dans un premier temps, nous questionnons les notions de « bruit », de « gêne » et de « nuisance » et la relation « d’entendre », structurante dans la réflexion et les discours des militants. À partir des discours des personnes interrogées, nous retraçons biographiquement l’évolution de leur relation au « bruit aérien » en montrant comment celui-ci s’est progressivement constitué comme objet de « gêne » puis d’engagement militant. À partir du cas de plusieurs militants ayant vécu l’expérience de la maladie, nous analysons comment celle-ci a influencé leur relation actuelle au bruit et à la gêne. Nous nous intéressons ensuite à l’usage de l’ouïe des militants comme « compétence sensible » leur permettant une prise d’informations additionnelles sur leur contexte environnemental. Bien maitrisée, cette « oreille fine » rend possibles l’anticipation des phénomènes et l’amélioration de la qualité de vie.
Dans un second temps, nous nous intéressons aux dispositifs de gestion et d’assainissement du bruit aérien. Nous mettons en lumière les limites de ces derniers à intégrer le vécu et les attentes des riverains de l’aéroport. Nous étudions comment la critique du politique et la remise en cause des informations et données officielles par les militants ont permis la mise au point par l’association des riverains de l’aéroport (ARAG) d’un dispositif technique inédit et officieux de surveillance du trafic aérien et de mesurage du bruit appelé « IMTAG ». Malgré le caractère citoyen de cette démarche, nous montrons que le débat autour du bruit aérien à Genève demeure stérile par l’absence d’une véritable autorité experte indépendante de mesure du bruit.
Enfin, nous étudions la manière dont les militants rendent compte d’un sentiment d’inégales expositions au bruit entre les communes de la rive droite et de la rive gauche du lac Léman. Cette injustice environnementale se traduirait, selon eux, par une décote importante du foncier sur les communes exposées au bruit aérien entraînant de nouvelles dynamiques de peuplement. En analysant les données statistiques du canton, nous concluons que l’exposition au bruit ne peut pas, à elle seule, expliquer les contrastes socio-économiques du territoire.