La résidence comme démarche pour la conception d’une stratégie territoriale

Pour notre projet final d'étude en Master d'architecture, nous voulons nous échapper du cadre classique consistant à trouver et visiter une fois un site de projet, y établir un programme et le dessiner. Nous avons envisagé la recherche de site comme thématisée, puis notre installation sous la forme de résidence, afin de co-construire un programme de diplôme avec les usagers de ce territoire.

Cette démarche s'inscrit dans les nouvelles formes de gouvernance, attachées à une conception démocratique du territoire, plus participative que représentative.

Mais c'est aussi une démarche d'expérimentation des nouvelles pratiques de la conception architecturale et urbaine, où la place du concepteur se trouve requestionnée, que nous souhaitons porter.

C'est ainsi que l'équipe municipale de Bangor (Belle-Île), que nous avions identifiée comme à même de recevoir positivement notre démarche par son inscription dans de multiples réseaux (Association des Iles du Ponant et réseau BRUDED), a accepté de nous accueillir. Elle se voit comme un laboratoire et souhaite s'inscrire dans les multiples transitions que son territoire subit, de manière proactive. Notre venue est vécue à la fois comme une reconnaissance de son action, mais surtout comme un moyen d'avancer, en inventant de nouvelles prospectives, un nouveau récit territorial. Nous interrogerons d'ailleurs leur vision du territoire, décrivant Bangor comme une commune "rurale et insulaire".

La volonté engagée dans ce projet innovant à l’échelle du Master en études urbaines et en architecture nous permet de dégager trois objectifs de formation et d’insertion structurants.

Nous concevons ce stage comme l’aboutissement de nos réflexions sur la posture des futurs professionnels de l’urbain. Multi-scalaire, multi-disciplinaire et croisant les regards; cette permanence replace la position de l’architecte comme catalyseur des dynamiques de territoire, traducteur d’une maîtrise d’usage, mais en aucun cas en élite sachante. Cette réflexion amorce une gouvernance partagée avec usagers et collectivité qui s’interrogent sur leur rôle dans le projet territorial.

Le statut étudiant, qui plus est double-cursus, nous permet d’envisager cette résidence comme un test, à l’échelle un, de notre posture. Cette action nous permet de sortir du cadre pédagogique de l’ENSAL pour expérimenter et tester de nouvelles pratiques. C’est l’une des raisons qui nous pousse à faire appel à l’École Urbaine de Lyon ; les nouvelles professionnalités et gouvernementalités étant au cœur des axes scientifiques portés par l’EUL.

Enfin, cette résidence que nous souhaitons mettre en place vient en point d’orgue de nos études. Elle nous prépare, à la sortie de celles-ci, à une première expérience, référence manifeste qui nous projette dans le monde professionnel.